Ibrahima Sidibé, entraîneur des U20 élite: interview

Nous continuons notre voyage sur la Planète JSC par l’interview de Ibrahima Sidibé, entraîneur  des U20 élite.  (A suivre…)

L’équipe contre Tournefeuille à Tournefeuille – saison 19/20

L’interview réalisé par téléphone (confinement oblige!) par Robert Grisolia le 14/04/20
Salut Ibrahima. Alors ce confinement ?
Je ne suis pas vraiment en confinement parce que j’ai une entreprise de services avec une cinquantaine de salariés et, par conséquent, j’ai dû mettre la presque totalité du personnel en chômage partiel. Je suis donc obligé d’accomplir un certain nombre de tâches qu’habituellement je ne fais pas. Je travaille dans le service à la personne. On propose différents services : garde d’enfants, aides ménagères…
Peux-tu te présenter ?
Je suis né le mardi 1er janvier 1963 à Abidjan en Côte d’Ivoire, mais je suis originaire de la Guinée. J’habite à Blagnac. Je suis chef d’entreprise dans le service à la personne. J’ai ma propre entreprise depuis 2004, ça fait 16 ans. Nous offrons des services aux personnes, aux particuliers plus précisément. On a 26 types de services. Ça va de l’aide aux personnes âgées en passant par la garde d’enfants, l’aide-ménagère. On fait même du gardiennage, de l’aide à l’informatique, pas mal de choses. Je suis séparé et j’ai un enfant de 23 ans maintenant.
Peux-tu nous dire quel a été ton parcours sportif ?
J’ai commencé à faire du sport par le rugby. Puis, j’ai joué au foot à Perpignan chez les tout petits. De là, mes parents ont déménagé puisque mon père était militaire et je suis parti en pensionnat à côté de Montpellier dans une abbaye Cistercienne. Je faisais du foot à l’école puisqu’en pensionnat, je ne pouvais pas faire autrement. Je suis resté en pensionnat jusqu’en 3ème. A partir de la seconde, je me suis retrouvé au Caousou chez les jésuites à Toulouse. Et là, j’ai connu mon premier club de foot sur Toulouse, c’était le Mirail, ce devait être en Cadets. J’y suis resté une année, puis j’ai été repéré par le TAC qui est venu me chercher. Ils m’ont fait jouer en DH, alors que je n’avais que 17 ans. J’ai joué une année, après j’ai arrêté le foot à cause des études. J’ai passé le Bac, tout ça etc… J’ai repris quelques années plus tard, mais comme entraîneur.
Ton poste de joueur ?
J’étais avant-centre parce que je courrais vite.
Raconte-nous ta carrière d’entraîneur.
A froid, comme ça, je vais essayer de m’en souvenir. J’ai commencé à Portet sur Garonne avec des U13, U14. Après, je suis parti à Saint Jo où j’avais les U17 A. Après, j’ai fait Castanet pendant 2 ans. Puis, Blagnac pendant 3 ans où j’avais les Elites. Puis, Aussonne, une année. Enfin, tout ça, ça s’est fait sur plus de 30 ans, hein ! J’ai connu aussi Balma où j’avais les petits U10 ou U11. Puis, je suis allé 3 ans à Castelmaurou où j’ai eu d’abord les U19, puis les U17, on est montés encore une fois. Ensuite, je suis allé à Saint Simon où j’avais les 13 ans Ligue, mais ça a été une mauvaise expérience parce qu’on est descendus. Sur mes 22 ans d’expérience, je suis descendu 3 fois dont Saint Simon. Après, j’ai arrêté d’entraîner pendant 3 ans et cette année je me suis retrouvé à Cugnaux.
Comment as-tu atterri à Cugnaux ?
En fait, j’avais décidé d’arrêter le foot, mais le fait de finir sur une mauvaise expérience à Saint Simon ça me gênait beaucoup. C’est un joueur de la Une que j’avais eu en Elite à Blagnac, Loqman, qui m’a appelé et qui m’a demandé si je ne voulais pas venir entraîner. Comme je ne voulais pas terminer sur une mauvaise expérience, j’ai décidé de repartir au moins sur une année, pour mieux finir. Et effectivement, je ne le regrette pas parce que j’ai fait une très bonne année.
Des diplômes ?
J’ai les diplômes d’Initiateur 1, 2 et 3. Je n’ai pas pu aller au-delà parce que j’avais beaucoup de responsabilités dans ma vie et ça m’aurait demandé beaucoup de temps en plus.
Un petit mot sur cette équipe U20 élite que tu avais en charge cette saison ?
Quand je suis arrivé, je n’avais pas fait la préparation de début de saison puisque je suis arrivé la dernière semaine du mois de septembre, j’ai trouvé une équipe qui était en place. Il y avait de bons joueurs, même de très bons joueurs. Ensuite, au niveau de la philosophie du jeu par rapport au potentiel de l’équipe, j’ai considéré que ce n’était pas la bonne. Donc, j’ai modifié ça. J’ai rééquilibré un peu parce qu’elle penchait vers l’arrière. En effet, quand tu regardes la composition du groupe, on a, à peu près, 40% d’attaquants, 35% de milieux et, à peu près, 25 % de défenseurs. J’ai donc reconverti 2 ou 3 attaquants en défenseurs. J’ai, comme ça, rééquilibré un peu l’équipe et j’ai mis en place une philosophie de jeu plus offensive qui correspondait un peu plus à la composition de mon groupe.
Qu’en a-t-il été au niveau des résultats ?
Les résultats ont été bons. On a un peu péché à la reprise. On a perdu des points. Je pense que je n’ai pas su bien organiser pendant les vacances pour qu’à la reprise le groupe soit opérationnel. Il me manquait à peu près une semaine de préparation. Si j’avais repris une semaine avant, Je pense qu’on aurait eu de meilleurs résultats. On a perdu un match et fait un nul. On ne peut pas dire, non plus, que c’était catastrophique. A l’heure actuelle, on est seconds du championnat.
Il faut quand même savoir qu’en U20, il n’y a ni descente ni montée.
Alors, ça, ça me pose un petit problème, parce que moi je suis un entraîneur de challenge. Je suis plutôt habitué à vouloir la montée parce que je suis monté de nombreuses fois. Sur les 20 fois que j’ai entraîné, je suis monté 12 fois. J’aime jouer les montées. Je pense que les joueurs quand ils ont quelque chose à jouer, il est plus facile de mettre en place un système de jeu que quand il n’y a pas d’enjeu. Ça fait partie de la préparation mentale aussi. Comment préparer des joueurs s’ils ne montent pas, s’ils ne descendent pas ? C’est plus compliqué.
Quelle est la force de cette équipe et son point faible ?
Sa force, c’est qu’elle est très technique. Il y a aussi de bons gabarits physiques. La faiblesse, c’est le mental. Ça peut se comprendre parce que, l’an dernier, ça a été très compliqué pour eux. Dans les moments difficiles, l’équipe perdait pied. Les matchs, on les a gagnés en étant quasiment devant tout le temps. Le fait de perdre, c’est une équipe qui est traumatisée. Une autre faiblesse, ils ont du mal à intégrer les schémas de jeu. Le type d’entraînement que je leur ai proposé, moi, je suis à dominante tactique, ça veut dire que tout est basé sur mes schémas de jeu, ça veut dire que quelle que soit la zone de terrain, les joueurs doivent évoluer d’une certaine manière, or les joueurs que j’avais étaient des joueurs beaucoup plus d’instinct, c’est-à-dire qu’ils évoluaient très librement dans toutes les zones du terrain et, ça, ce n’est pas possible avec un entraîneur tactique, normalement. Ils ont fait effectivement des efforts, mais ces efforts ont moyennement abouti. C’est-à-dire que, vu le potentiel de cette équipe-là, elle n’aurait pas dû perdre un seul match, depuis le début de la saison.
Ton meilleur souvenir de la saison ?
Le bon souvenir, c’est que je trouve que c’est une équipe qui est joyeuse. Ce sont de bons camarades. Ils sont collectifs. Ils sont soudés parce que quand il y a eu des échauffourées, ils sont tous venus. Chaque fois que ça a été chaud, notamment contre Rodéo, toute l’équipe est venue, tout le monde a fait bloc. Alors, c’est un peu paradoxal parce qu’ils sont capables de faire bloc, mais quand le résultat est défavorable, ils ne font pas bloc pour le relever. C’est bizarre !
Un mauvais souvenir ?
Aucun !
Maintenant, peux-tu me dire quel a été ton meilleur souvenir en tant que joueur ou entraîneur ?
J’étais à Blagnac quand on a joué un tournoi international au Portugal. On y a été télévisés. Les tribunes étaient pleines. On a rencontré des Nationaux, de gros clubs. En finale, on est tombés sur une grosse équipe portugaise en vert et blanc, j’ai du mal à me souvenir qui c’était. On les a tapés 5 à 1 quand même.
Et la saison prochaine ? J’ai entendu dire que tu arrêtais.
L’an dernier, je n’ai pas arrêté, mais, en fait, il y a eu le décès de ma mère. Mais, comme je m’étais engagé auprès du club de Saint Simon, j’ai poursuivi jusqu’à la fin de la saison. Pour moi, ça a été une très, très lourde perte, ça m’a déstabilisé. Mais d’un autre côté, le fait de gérer une équipe, ça m’a bien aidé parce que les joueurs étaient sympas et, franchement, ça se passait bien. Ça me sortait un peu de tout ça. Maintenant, il faut que je fasse mon deuil et que je passe à autre chose. Donc, c’est pour ça que l’an prochain, j’arrête le foot. J’ai beaucoup de responsabilités, j’ai une entreprise à faire tourner. En plus, je suis Président de la boxe française à Blagnac où j’ai beaucoup de licenciés là-bas. C’est un des plus gros clubs français dans cette discipline. On a eu de nombreux champions du monde et d’Europe.
Autre chose à dire ?
Je vais envoyer un petit message à tous les joueurs pour les remercier de cette belle saison. J’attendais que l’arrêt soit officiel. Je regrette qu’on ne puisse pas la terminer parce que je pense qu’on aurait terminé premiers quand même. Franchement, c’était une bonne saison et je remercie l’encadrement aussi, aussi bien les autres coachs que toute la direction du club qui m’a réservé un très, très bon accueil. C’est un club qui a une très, très bonne mentalité. J’y ai été très heureux, je ne le connaissais pas de l’extérieur, mais je sais qu’il a une bonne réputation. Mais, très sincèrement, quand on le vit de l’intérieur, on voit que c’est un club familial.
Merci Ibrahima. Ça m’a fait très plaisir de t’entendre. Je te souhaite beaucoup de bonnes choses pour ton entreprise et pour le club de boxe française de Blagnac que tu présides.

Photos:

L’équipe contre Portet sur Garonne – saison 19/20

L’équipe contre le Rodéo – saison 19/20