Nous continuons notre voyage sur la Planète JSC par l’interview de Gilles Rosay, entraîneur des U19. (A suivre…)
L’équipe U19 saison 2019/2020
L’interview réalisé par téléphone (confinement oblige!) par Robert Grisolia le 12/04/20
Salut Gilles. Comment vis-tu ce confinement ?
C’est un peu compliqué comme tout le monde. C’est dur de rester entre guillemets en prison même si c’est pour une cause importante. Mais, c’est difficile. On a vraiment l’impression de manquer de liberté, même pour moi qui suis dans un espace avec jardin et tout. C’est compliqué. Au bout d’une semaine, c’est gentil, au bout de deux semaines, voilà et après ça commence à être vraiment pénible.
Peux- tu te présenter ?
Je suis né le jeudi 4 juillet 1963 à Fontenay aux Roses en banlieue parisienne où j’ai vécu pendant 40 ans. Je suis actuellement au chômage. Mais j’ai travaillé, toute ma vie, dans la presse où j’ai eu plusieurs métiers, dépôt de presse, libraire, commercial… En ce qui concerne ma situation familiale, je vis en couple avec Manuel. Ça fait seize ans qu’on est ensemble et il ne veut pas se marier.
Est-ce que ça te dérange qu’on le dise ?
Non pas du tout. J’ai été président du Paris Foot Gay où j’ai milité pendant de nombreuses années. Je ne le cache pas, je ne le crie pas sur les toits. J’y ai côtoyé beaucoup de gens importants du monde du foot et je peux te dire qu’il y a beaucoup plus de gays dans le football, y compris dans le foot professionnel, qu’on ne peut le supposer.
Tes fonctions au sein du club ?
Je suis arrivé au club en juillet et on m’a confié les U19 et l’entraînement des jeunes gardiens.
Des diplômes ?
Je n’ai pas passé de certification, mais j’ai le module U19.
Peux-tu nous dire quel a été ton parcours sportif ?
J’ai fait de l’athlétisme jusqu’à 16 ans. Je ne pourrai pas te dire tout ce que j’ai fait, je ne m’en souviens même plus. J’ai fait différents championnats de France. J’étais sur des courses de fond et, notamment, le 400 m, ma spécialité. Il n’y a pas eu d’exploits exceptionnels. Ensuite, je suis allé faire du foot parce que tous mes copains en faisaient. Il faut dire qu’avant je faisais du foot avec mes copains pendant ma période d’athlétisme, mais je n’étais pas en club. J’ai commencé en club à Chatillon sous Bagneux, de 16 ans jusqu’en Senior en PH. J’occupais le poste de gardien de but. Après, j’ai joué en PH aussi à l’AS Voltaire à Chatenay Malabry le club de Ben Arfa. J’ai signé, ensuite, à Malakoff en DHR et D4, l’actuelle CFA2. Puis, je suis revenu à Chatillon et j’ai fini au Plessis-Robinson.
Tu as joué à un bon niveau.
On peut dire ça. Mais j’ai raté le coche à 19 ans parce que c’était le Red Star qui est venu me demander. Mais je ne pouvais pas parce que c’était trop loin de chez moi et je travaillais la nuit, à l’époque, dans la presse justement. C’était très compliqué. Il y avait 4 entraînements par semaine. Il me fallait traverser tout Paris étant donné que j’habitais à Malakoff alors que le Red Star était à Saint Ouen.
Et après Plessis-Robinson ?
J’ai arrêté le foot à 30 ans parce que j’ai pris une librairie et je n’avais absolument plus le temps de faire du foot. Mais, j’y suis revenu par le biais associatif au bout de 4 ou 5 ans, quand la librairie tournait bien. J’ai intégré le FC Paris Arc En Ciel qui est un club gay. Ça a duré 1 ou 2 ans. Puis, on a monté le Paris Foot Gay où j’ai pris différentes fonctions, entraîneur, président… mais, là, c’est le milieu associatif où c’est très compliqué.
Ensuite, tu es arrivé dans la région toulousaine, non ?
Oui. Parce que j’ai vendu ma librairie en 2003. A Paris, J’avais trouvé un boulot de commercial et comme, 1 mois après, un poste se libérait sur Toulouse et comme j’avais depuis longtemps envie de venir à Toulouse, j’ai sauté sur l’occasion.
Et le foot à Toulouse ?
Ça commençait à me manquer. J’ai cherché un club dans la région et j’ai trouvé à Montrabé en tant qu’entraîneur des U19. J’y ai fait 2 ans. Ensuite, j’ai répondu à une annonce du club de Plaisance pour être entraîneur des gardiens, mais comme ils n’avaient pas d’entraîneur U19, ils m’ont confié le poste. J’y suis resté une première fois 4 ans. J’y ai passé 4 belles saisons avec des gosses extrêmement extraordinaires, un très bon groupe. Mais, j’ai eu un gros souci de santé et j’ai dû arrêter. Quand je suis allé mieux, j’ai repris pour 4 ans à Plaisance, toujours avec les U19. Ça a été un autre parcours que la première fois mais très intéressant parce que, là, je me suis mis à recruter. Je me suis mis plus dans la peau de quelqu’un qui faisait de la formation pour les seniors. J’ai pu recruter de très, très bons joueurs. Certains jouent actuellement en R2, ce qui est très valorisant. Ça s’est bien passé jusqu’au moment où on ne m’a pas renouvelé l’an dernier. Je ne sais pas pourquoi et je ne le sais toujours pas. Puis, je suis venu à Cugnaux.
Pourquoi à Cugnaux ?
J’avais fait savoir que j’étais libre. C’est un joueur de cette année qui savait que j’étais libre et qui a demandé au Président s’il n’avait pas besoin d’un entraîneur. J’ai été appelé rapidement autant par le président que par Eric sans qu’ils se soient concertés. C’était très amusant d’ailleurs.
Un petit bilan de cette saison ?
C’était très, très, très compliqué, au début, quand je suis arrivé, parce qu’on ne va pas se mentir, il y avait un peu le néant, le vide sidéral. En effet, il y a eu tous ces problèmes l’année dernière, les forfaits des 17, des seniors 2… Donc, franchement, quand je suis arrivé, ce n’était pas gagné. J’ai essayé de monter une équipe avec aussi bien des joueurs qui m’avaient suivi et qui me faisaient confiance que les joueurs qui restaient de Cugnaux, mais qui n’étaient pas nombreux et peu réceptifs, au fait de remonter une équipe. Il faut dire qu’ils avaient vécu une saison très compliquée et qu’ils n’avaient pas très confiance. Il m’a donc fallu recruter beaucoup, beaucoup, beaucoup. J’ai passé, de la mi-juin à fin août, mon temps à recruter des joueurs. Grâce à des contacts et le bouche à oreille, on a réussi à récupérer des joueurs. C’était compliqué, mais au bout du compte on avait un effectif de 20 joueurs.
Au final, c’était intéressant, non ?
Oui, parce qu’on a réussi à faire un mélange entre les U17, U18 et U19 ce qui nous a permis de ne laisser personne sur le bord du chemin. Ce n’a pas été facile, mais on a trouvé une envie de la part des joueurs, même si, quand un nouvel entraîneur arrive, il faut s’adapter à ses méthodes et en ce qui me concerne elles ne sont pas si faciles que ça.
Et au niveau des résultats ?
On a réussi à faire une bonne moitié de championnat, notamment sur les 8 ou 9 premiers matchs. On était 1ers ou 2èmes. Ça fonctionnait plutôt bien. Et puis, est arrivé le problème des Seniors 2 qui se sont retrouvés avec un effectif très réduits parce qu’ils étaient siphonnés par la Une et à cause des départs aussi. Donc, avec Pascal, on a décidé de jumeler les U19 et les Seniors2 avec des fortunes diverses. Mon tort a été de l’avoir fait sans consulter les gamins. J’ai pris la décision tout seul avec Pascal et j’aurais dû en parler, avant, aux jeunes, beaucoup plus. Je le regrette parce qu’ils se sont sentis trahis. Et à partir de là, ça a été beaucoup plus dur parce que les 4 ou 5 joueurs aptes à jouer en seniors partaient. Ils se sont retrouvés avec une équipe plus faible et, là, on a pris 3 fois des scores qui n’étaient pas du tout dans nos cordes. Ils se sont lassés. Je pense qu’ils m’en ont un petit peu voulu. A l’interruption de ce championnat, ils étaient quand même 4èmes. Ce n’était pas catastrophique. Il faut dire que dans ce championnat, il n’y a pas de montées, pas de descentes. C’est un championnat qui est fait pour préparer des joueurs, ce qui est très bien.
Quel est le point fort de cette équipe et son point faible ?
La force de cette équipe, on a pu la constater au tout début. Des gamins qui ne se connaissaient pas du tout, qui venaient d’horizons divers ont réussi à former cette espèce de groupe qui paraissait improbable où tout le monde a trouvé sa place. Il y avait une envie d’être ensemble, une envie de se battre et les résultats l’ont prouvé, on n’obtient pas de résultats comme ça si on a rien.
Sa faiblesse, c’est que les jeunes joueurs et ceux qui ne sont pas des footballeurs aguerris, ceux qui n’ont pas connu d’autres clubs, mentalement, baissent les bras tout de suite. Ils n’ont pas le mental pour essayer de redresser une situation, de se dire eux-mêmes, on va y aller, on va tout casser, même si on est que des 17 et des 18 ans. Eux ce qu’ils se disaient, je l’ai su par d’autres joueurs qui m’en ont parlé, aujourd’hui, on va aller à tel endroit, on va aller se prendre une taule. Ils n’y allaient pour essayer de gagner mais pour prendre une taule. Je m’en veux un petit peu de ne pas leur avoir suffisamment parlé. Peut-être qu’on n’aurait pas dû opter pour cette solution et laisser les seniors se débrouiller. Mais, je ne voulais pas que les seniors 2 fassent forfait comme l’année dernière.
Est-ce que tu repars avec la JSC la saison prochaine ?
Bien sûr que je repars. On a commencé à la préparer. Normalement, oui, je devrais être là. Il y a encore des détails à régler. Ce n’est pas facile par personne interposée et de pas pouvoir se rencontrer. Bien sûr, je serai là. Je ne suis pas là pour rester un an dans un club, ça m’ennuie un petit peu. Surtout qu’en plus on a eu affaire à une année tronquée. Je ne suis pas quelqu’un qui reste une année et qui s’en va parce que ça ne m’intéresse pas. J’aime le travail sur la durée, 2 ans, 3 ans, 4 ans, pour pouvoir élaborer quelque chose. Donc, oui, ça va se faire. Après, je suis tombé dans un club où il y a beaucoup de réglages à faire. Mais ça prend le bon chemin parce qu’on se structure mieux en envisageant de mettre en place des commissions sportives, discipline etc…. Ça, c’est plutôt pas mal. Je souhaite vraiment que le club s’organise mieux d’un point de vue sportif. Les catégories U19, U20, Seniors doivent se structurer beaucoup plus et les joueurs doivent être beaucoup plus club qu’ils ne le sont. En principe, je devrais prendre en charge les Seniors 2. J’ai commencé à recruter. Ensuite, il faut qu’il y ait une bonne entente entre la 1 et la 2.
Autre chose à dire ?
On va vers des temps difficiles. On ne sait pas comment ça va se passer pour la suite de cette saison. On en saura un peu plus cette semaine, certainement. Il n’y aura certainement pas de retour à la compétition, mais ce qui va être compliqué, c’est le début de l’année prochaine. Par exemple, quel sera le montant de la licence sachant que cette saison n’aura duré que 6 mois. On va vers quelque chose de très compliqué financièrement avec toutes les manifestations qu’on n’a pas pu faire. Moi, je pense que tout le monde devra faire un effort financièrement. J’espère que tout ça est étudié, actuellement, même s’il est difficile de se rencontrer et de se réunir pour en discuter.
Merci Gilles. Malheureusement, nous ne serons pas les seuls à avoir ce problème et je souhaite que tous les clubs puissent s’en sortir sans problème. Prends bien soin de toi et des autres en respectant bien toutes les directives sanitaires. A très bientôt autour des terrains.