Sory Ouane, éducateur U8: interview

Durant cette période de déconfinement, nous continuons notre voyage sur la Planète JSC, saison 2019/2020, par l’interview de Sory Ouane, éducateur U8.  (A suivre…)
Interview réalisée par téléphone par Robert Grisolia le 29 /05/2020
Salut Sory. Comment as-tu vécu ce confinement et comment vis-tu, maintenant, le déconfinement ?
Le confinement, c’est allé vite et on a été très peu prévenus, que ce soit au niveau scolaire ou au niveau sportif. Tout est allé vite. Ça s’est fait du jour au lendemain, donc, ça a surpris du monde et ça a aussi surpris les enfants, mais, bon ! Il fallait leur expliquer que, l’école, c’était terminé, que, le foot, c’était terminé, pour quelques temps, en tout cas, jusqu’à nouvel ordre. Ça n’a pas été forcément facile. J’ai tendance à dire que, les premiers jours, c’était plus considéré comme des jours de vacances. Et, plus les semaines passent et plus ça devient long. Après, il faut savoir occuper les enfants par rapport aux activités sportives, vu que, pour Jelani, il dépensait beaucoup d’énergie au foot, avec les matchs tous les samedis, les entraînements tous les mercredis et, en plus, il faisait du basket. Les jours où il n’avait pas entraînement de foot, il avait entraînement de basket. Donc, il était vraiment à fond dans le sport. Alors, il a fallu compenser ça, aussi. Pour pouvoir compenser cette perte d’activité physique, il fallait trouver quelque chose. En ce qui me concerne, je suis en télétravail, je ne suis pas réellement en vacances, je suis en garde d’enfant officielle. Mon épouse aussi est en télétravail, donc il faut s’organiser, c’est-à-dire qu’il y en a un qui travaille pendant que l’autre s’occupe des enfants. Là, ce matin, c’est mon tour de m’occuper des enfants.
Peux-tu te présenter ?
Je suis né le mercredi 5 juillet 1978 à Abidjan en Côte d’Ivoire. J’habite actuellement à Cugnaux. Je suis marié avec trois enfants. Je suis ingénieur aéronautique à Airbus.
Peux-tu nous dire quel a été ton parcours sportif ?
Dans ma jeunesse, ça a été du foot jusqu’au milieu de l’adolescence. Le poste que j’occupais, c’était la défense. Ensuite, je me suis plus orienté vers tout ce qui est sport d’endurance. En fait, je suis né en Côte d’Ivoire, mais j’ai surtout vécu toute ma vie au Sénégal. Au Sénégal, je ne jouais pas dans des clubs officiels. Là-bas, c’était plutôt des clubs de quartier. On faisait des rencontres, des tournois, avec d’autres quartiers des alentours. Mais, l’organisation, à l’époque, il y a 40 ans, ce n’était pas comme en France. Il y avait pas mal de choses qui n’étaient pas forcément officielles. Enfin, l’organisation n’était pas celle de maintenant.
Quand es-tu arrivé en France ?
Je suis arrivé en France pour mes études en 1996 et, depuis, j’y suis resté. J’ai fini mes études, j’ai trouvé un boulot. En France, je n’ai pratiqué aucun sport. En fait, j’ai pratiqué le sport étudiant, c’est-à-dire, sortir ! (Rires).
Venons-en à ton parcours d’éducateur.
Ça fait deux ans que je suis éducateur. L’an dernier, je me suis laissé persuader, suite, d’ailleurs, à des échanges que j’ai eus avec toi. Le club, et surtout, les catégories de jeunes avaient besoin d’encadrement, donc ça manquait d’effectif, et, du coup, je me suis dit : pourquoi pas ? Et, surtout, ce que je me suis dit, c’est que ça ferait plaisir à mon fils. J’ai échangé avec lui, on a discuté, et je lui ai dit que je pouvais être éducateur, pas forcément le mercredi, mais que je pouvais être éducateur tout le reste du temps, surtout les weekends. Je lui ai demandé si ça lui faisait plaisir et, surtout, si ça lui faisait plaisir que je prenne en charge son équipe. C’est surtout ça qui m’a motivé : le fait que mon fils pratique le foot et le manque d’effectif pour l’encadrement. Et, cette année, j’ai continué à encadrer l’équipe U8 où est mon fils.
Des diplômes ?
Non, je n’ai pas pris le temps de passer des modules de formation, et c’est un de mes grands regrets. Je pense que c’est quelque chose d’intéressant. Même pour moi, en fait !
Parle-nous maintenant de ton équipe.
Je suis satisfait de mon équipe parce que j’ai des gens motivés, que ce soit les joueurs ou les parents. Je fais partie des équipes où, très souvent, on a tous les parents et parfois, encore plus, papas et mamans. C’est une équipe qui est bien suivie, qui est structurée, plus structurée que celle que j’avais l’année dernière. J’ai vu une bonne évolution dans leur technique de jeu. J’ai vu également, une bonne évolution dans leur mentalité. C’est vrai que, l’an dernier, ce n’était pas forcément facile, mais, là, on voit qu’ils ont gagné en maturité et qu’ils ont pas mal avancé dans la notion de jeu d’équipe : On joue en équipe, on ne joue pas pour soi. On ne marque pas un but, juste pour lever les mains, mais on marque un but pour l’équipe.  J’ai vu cette évolution, cette année, et c’est vrai que j’ai trouvé ça satisfaisant. Donc, cette année, j’ai gardé la même équipe de l’année dernière. Ça a été un choix parce que, quand on prend en charge une équipe, on aime bien voir évoluer les joueurs, voir évoluer la même équipe, et voir aussi ce que l’on a donné, ce qu’on leur donne comme enseignement et comment ça se traduit au fil des années. Et, je pense qu’une saison n’est pas suffisante, il faut voir au fil des saisons et c’est aussi pour ça que j’ai demandé à garder la même équipe. Donc, ça se passe bien, les enfants trouvent leurs marques. Ce qui est appréciable aussi, c’est que, moi, je les laisse jouer au poste qu’ils veulent et, là, naturellement, il y a des profils qui se dessinent. Il y en a qui préfèrent jouer en défense, il y en a qui préfèrent jouer en tant que milieu, il y en a qui préfèrent jouer en attaque et ils sont bons. Ensuite, ce que j’essaie de faire, c’est faire tourner le gardien parce que, c’est vrai, que j’ai quelques joueurs qui sont bons dans les cages. Mais, tous n’ont pas envie de faire ça, tout le reste de leur activité sportive. Donc, j’essaie de faire tourner ce poste, je n’ai pas vraiment quelqu’un de dédié à 100% sur ce poste. Après, j’ai les grands profils, j’ai mes attaquants, j’ai mes milieux de terrain, j’ai mes défenseurs et chacun s’y retrouve.
Le point fort de cette équipe ?
Ce sont des gens qui se connaissent depuis longtemps. Même bien avant que je sois coach, c’est une équipe où les gamins jouaient ensemble. Donc, ils ont une certaine complicité. On a accueilli un nouveau dans l’équipe, et ça s’est très bien passé. C’est bien qu’on intègre aussi de nouveaux joueurs, qu’on ne soit pas juste entre nous. Le point fort de l’équipe, c’est la cohésion : ils jouent pour l’équipe, ils ne jouent pas pour eux-mêmes. Chaque parent dira que son enfant est formidable, mais, moi, je dirai que, dans mon équipe, j’ai de bons joueurs.
Un point faible de cette équipe ?
Oui, comme dans toutes les équipes. Moi, je dirais, que, quand ils se retrouvent face à des équipes qui les bousculent physiquement avec des coups de coude, des coups d’épaule, ils perdent leurs moyens. J’essaie de travailler ça, avec eux, en leur disant que, dans le foot, tout n’est pas lisse, donc, parfois, il y a des gens qui jouent assez costaud. Donc, je pense qu’il est important de travailler sur le fait d’éviter de perdre ses moyens, quand l’équipe d’en face joue de manière très physique. Je leur dis aussi qu’il faut accepter de perdre, c’est ce que je leur apprends : c’est important de gagner, mais perdre ne veut pas dire qu’on est nuls. Donc, ce que je leur apprends, c’est une manière de progresser quand on perd. On ne peut pas tout le temps gagner dans la vie. Il y a des moments où on gagnera et des moments où on perdra. Ça, aussi, j’essaie de le leur enseigner.
Un mot sur les parents ?
J’ai des parents très motivés avec qui je tisse beaucoup de complicité. Il nous est arrivé de nous voir en dehors du cadre du foot à travers des barbecues ou un petit apéro, autour de la piscine. Ce sont des parents qui sont motivés pour le bien-être de leur enfant. Ce ne sont pas forcément des parents mordus de foot, qui parlent foot, qui dansent foot, pas du tout, mais, ce qui leur importe, j’insiste, c’est le bien-être de leur enfant. C’est aussi des gens sur qui je peux compter. Quand, moi, en tant que coach, je ne peux pas être présent, je sais toujours qu’il y a un parent sur qui je peux compter et qui prendra le relai.
Dis-nous quel est ton meilleur souvenir de la saison.
Ce n’est pas un souvenir, mais plutôt quelque chose qui fait plaisir, c’est de voir tous ces parents motivés pour le bien-être de leur enfant, alors que ce ne sont pas forcément des mordus de foot. Après, les bons souvenirs pour moi, c’est quasiment tout le temps quand il fait beau, parce que, quand il fait super froid, ce n’est pas forcément agréable, mais les mois où il fait beau, ce sont de bons souvenirs : on joue avec les enfants, on s’éclate. Après, on se retrouve avec les parents, autour d’un verre, pour discuter des exploits ou des défaites des petits.
Et ton plus mauvais souvenir ?
Là aussi, ce n’est pas un souvenir, mais plutôt quelque chose de désagréable. C’est un aspect négatif que je souhaite aussi évoquer, ça ne concerne pas les équipes de Cugnaux et nos parents. C’est que, parfois, tu as certaines équipes où tu as l’impression que ce sont les parents qui jouent, des parents qui sont prêts, même parfois, à en venir aux mains parce que l’enfant n’a pas marqué ou parce qu’ils jugent que l’arbitre a été en défaveur de leur enfant et qui interviennent, également, quand on joue. Jelani, mon fils, joue aussi au basket et ce n’est pas quelque chose que je vois dans le basket. Mais, dans le foot, je vois des parents d’autres équipes qui sont là, comme si c’était eux qui jouaient. Ce n’est pas un état d’esprit que je retrouve au basket, mais que j’ai retrouvé au foot l’an dernier et cette année et que je n’aime pas du tout. Maintenant, ça reste marginal, mais je trouve ça dommage. Je n’en fais pas une généralité, mais il faut que les parents, et je ne parle pas des nôtres qui ont un comportement admirable, sachent que les éducateurs sont là pour le bien-être de leurs enfants que l’on coache et, quand on est sur le terrain, c’est aux éducateurs de donner les ordres et pas eux. Eux, ils sont juste, là, derrière, et s’ils veulent parler à leurs enfants, ils leur parlent après le match, après les tournois. S’ils veulent donner des conseils à leurs enfants, ils les leur donnent après les matchs, pas pendant les matchs. Et ils n’en viennent pas aux mains avec d’autres parents, soi-disant parce qu’un enfant a taclé un autre et qu’il n’a pas dit pardon ou quoi que ce soit. Les éducateurs sont là pour veiller à la bonne santé des petits et au respect des règles.
Peux-tu nous dire ce que tu comptes faire la saison prochaine ?
Pour l’instant, je ne sais pas. Tout dépendra du choix de Jelani : il faudra qu’il choisisse, foot ou basket. Il est à fond dans les deux et comme je lui ai dit : « Il faut te concentrer sur un seul sport et pratiquer occasionnellement le second, mais pas au même niveau parce que tu ne pourras pas suivre au niveau de l’école, au niveau du sport. » Le foot, c’est deux fois par semaine, le basket, parfois, trois fois par semaine et ce n’est pas faisable. On est donc en pourparlers pour savoir ce qu’il va faire, et tout dépendra de la décision qu’il prendra. S’il reste au foot, je suis prêt à prendre en charge une équipe.
Un dernier mot ?
Je trouve que ça n’a pas été facile pour notre catégorie, parce qu’on a manqué cruellement d’encadrants. Il y a des gens qui se sont dévoués, corps et âme, pour pouvoir le faire : Renaud, Guillem… Mais, ce n’était pas suffisant, on a manqué de volontaires.
Sur le club, je serai honnête, je connais le club seulement à travers la catégorie de mon enfant. L’an dernier et cette année, ça s’est très bien passé. Mais, je ne suis pas allé voir les autres catégories pour voir comment ça se passait, et ainsi de suite. Moi, j’ai pratiqué le foot au Sénégal, et je n’ai pas de comparatif, je ne sais pas comment fonctionnent les autres clubs, si c’est bien, si c’est moins bien, s’ils ont plus de finances, moins de finances… Donc, pour être honnête, je n’ai pas vraiment d’avis. Mais, j’ai, quand même, constaté que, au niveau du club, ça se passait bien.
Merci Sory. J’espère que ton fils fera le bon choix et que nous aurons le plaisir de te revoir l’an prochain sur les terrains de foot.
Tournoi U7 de Saint Simon, septembre 2018: Toute la délégation Cugnalaise U7
Tournoi U7 de Saint Simon, septembre 2018: l’équipe
Avec toute la catégorie U7 saison 2018/2019
Tournoi U7 en salle à Jazy à Cugnaux février 2019
Tournoi U7 en salle à Jazy à Cugnaux février 2019: Toute la délégation cugnalaise U7
Tournoi U7 en salle à Jazy à Cugnaux février 2019: Sory en pleine action
saison 18/19: l’équipe U7 sur un plateau à Dardé à Cugnaux
Tournoi U7 à Saint Hilaire juin 2019