Nous continuons notre voyage sur la Planète JSC, saison 2019/2020, par l’interview de Grégory Lafontan, éducateur équipe 4 U7. (A suivre…)
Interview réalisée par Robert Grisolia le 20/06/2020
Salut Grégory. Comment as-tu vécu le confinement et le déconfinement ?
D’un point de vue personnel, étant soignant et éducateur à l’hôpital, je n’ai pas arrêté de travailler. Donc, pas trop de changement au niveau personnel. Après, pour la famille, ça a été dur pour les enfants de rester confinés, mais on a la chance d’avoir un grand jardin pour jouer. C’était dur surtout pour le fiston, pour le foot. Pour faire l’école, comme ma femme était en chômage partiel, elle s’est occupée des enfants.
Et, à l’hôpital, comment c’était ?
Un contexte pesant, je ne dirai pas angoissant, surtout qu’on n’était pas équipés. Au début, les premières semaines, ce n’était pas rassurant tout ça.
Peux-tu te présenter ?
Je suis né le mardi 24 août 1982 à Toulouse. J’habite à Frouzins depuis l’âge de 3 ans. Je vis en couple avec 2 enfants et 1 enfant que ma compagne avait déjà : 15 ans, 6 ans et demi et 5 ans et demi. Je suis éducateur spécialisé à l’Hôpital Marchant à l’unité de crise pour adolescents.
Ce n’est pas trop dur ?
Ah ! C’est la psychiatrie ! Ce n’est pas évident, mais ce sont des situations où tu t’attaches. Ce sont des cas en grande souffrance. Et, moi, du coup, j’apporte beaucoup par la médiation du sport. Je trouve ça très bien d’apporter cette dimension dans un hôpital psychiatrique où il n’y a pas trop cette notion du sport, d’humain. C’est bien qu’ils aient développé le poste d’éducateur spécialisé en hôpital, ça permet d’être autre chose qu’un infirmier.
Peux-tu nous parler de ton parcours sportif ?
J’ai commencé le foot, à l’âge de 5 ans, à Frouzins, avec mon premier entraîneur Cédric Bertrand qui était le fils du Maire. Et, j’ai un souvenir de toi aussi, Robert, en venant sur les plateaux à Cugnaux. Je suis resté à Frouzins jusqu’à la première année de moins de 15 ans où j’avais fait une grosse saison. Jean Claude désiré, entraîneur à Cugnaux, est venu me contacter et me superviser à Frouzins. Monsieur Désiré, c’est le meilleur entraîneur que j’ai jamais connu et que je remercie sur tous les plans, parce qu’il est venu me chercher à Frouzins. Il m’a permis de m’entraîner pendant six mois avec les Nationaux de Cugnaux, tout en jouant à Frouzins, le week-end, ce qui est un truc assez particulier. Et, à la fin de l’année, il m’a dit : « Je te prends à Cugnaux dans le groupe des Nationaux. ». Il a cru en moi et j’ai fait une super saison avec lui, la meilleure de ma carrière où j’avais marqué contre Bordeaux qui était coaché par Marius Trésor, on avait fini quatrièmes. La deuxième année, je suis passé direct en moins de 17 ans, en Cadet, l’équipe était en National, avec Francis Maréchal que j’apprécie également sur le plan humain et qui habitait Frouzins. Ça a été une dure saison parce qu’on est descendus, mais on était dans une grosse Poule avec Montpellier, Bordeaux, Châteauroux, La Roche sur Yon, Châtellerault… enfin ! De grosses équipes, c’était fantastique. On partait tous les week-ends, c’était génial. Les parents nous suivaient dans le bus. On avait parfois 7 heures de bus, c’était génial. De supers souvenirs. Après, ma deuxième année en moins de 17 ans, je suis passé presque directement en Juniors avec Michel Barron. Il y avait des joueurs qui avaient 2 ans de plus que moi, mais avec qui j’ai pu faire une saison et ça a été super génial. J’avais un peu brûlé les étapes, à cette époque-là, mais c’était super pour moi. Ensuite, je me suis retrouvé dans le groupe de la DH avec Alain Lafforgue où, là, ça a été une bonne expérience, mais avec peu de temps de jeu. Le meilleur souvenir que j’ai de cette saison, c’est que je ne mets qu’un but et c’est en Coupe de France à Castanet. Là, c’était peu de temps de jeu, pas de régal et une perte un peu du goût du foot. A 19 ans, quand tu te retrouves avec des Lilian Tournier, Bernardi dans les buts, des joueurs que je côtoie encore aujourd’hui…. En fait, ce qui m’avait barré la route, c’est que Alarcon devait signer à Cugnaux et Alain Lafforgue ne faisait pas trop confiance aux jeunes, non plus, à l’époque. L’année suivante, Alain Gouaméné est arrivé pour coacher l’équipe, avec pas mal de joueurs et donc, je suis parti de Cugnaux, à contrecœur, mais je suis parti et j’ai rejoint Frouzins qui me tenait à cœur aussi. Tous les anciens de Frouzins avaient essaimé dans les clubs des alentours : Muret, Tournefeuille… à de bons niveaux. On s’est tous retrouvés pour faire monter le club deux années d’affilée, d’excellence District à Promotion Honneur, avec Gérard Ribul, comme entraîneur, et Christophe Mascara. C’était deux super saisons et, en plus, la cerise sur le gâteau : je mets un but sur la dernière journée dans les arrêts de jeu. En plus, c’était historique parce qu’avec Frouzins, on n’avait jamais été en PH. Après ça, j’ai été un peu courtisé par beaucoup de clubs, dont Cugnaux, parce que j’avais fait une super saison. Finalement, j’ai opté pour Portet où le projet de faire monter le club de PH (R3) à DH (R1) m’avait séduit. Dès la première saison, on est monté en DHR. Là aussi, je fais une super saison. C’était Cédric Caubet l’entraîneur. Dans ma carrière, j’ai eu la chance de faire six montées. Je suis resté six ans à Portet et, puis, je suis revenu à Cugnaux, avec Dalmiro Da Costa qui est quelqu’un que j’apprécie. J’ai accepté la mission de redorer un peu les couleurs de Cugnaux. Mais, c’est vrai que j’ai eu un peu mal au cœur quand je suis revenu, de voir le club avec si peu de moyens et qui chutait. On s’est accrochés, mais on est, quand même, descendus de la DHR (R2) en PH (R3) avec un groupe très jeune, dans lequel j’avais un rôle d’ancien ce qui n’était pas très évident. Mais, pour l’anecdote, la dernière journée, j’ai mis un but en DHR sous les couleurs de Cugnaux. Après, je n’ai plus joué en DHR, mais en PH à Seysses/Frouzins où je suis reparti, avec Didier Rumeau. Après, j’ai arrêté à 34 ans, pour jouer en vétéran. Et, là, depuis 3 ans, je joue avec les Barbarians, avec les anciens du TEF et du Stade, un super niveau où j’ai retrouvé Lilian Tournier, Philippe Mauries… On a joué, des fois, contre Cugnaux, contre Donald. Parallèlement, je joue en FSGT avec l’équipe du boulot, de l’hôpital Marchant. Un petit mot pour conclure et faire un peu de pub : je suis aussi Président d’une association qui s’appelle Toulouse Footgolf Family. On joue sur des parcours de golf, avec le pied, un ballon et un gros trou. C’est du foot golf. On a une trentaine de licenciés. On fait le championnat de France et je suis beaucoup là-dedans.
Venons-en à ton parcours d’éducateur.
J’ai commencé, à Cugnaux, l’an dernier, avec les U6, en suivant mon fils. J’étais avec Gérard, Raphaël, Alain, Robert et Guy. Je leur donnais un coup de main, sur les entraînements, et, le samedi, sur les plateaux, comme j’ai fait cette année avec les U7. Ce qui était gênant, c’était que je travaillais un week-end sur deux. Mais, tous les samedis où j’étais dispo, j’étais là tout le temps. Cette année, j’étais en binôme avec Sylvain. Ça s’est très bien passé. Après, c’est vrai que moi je m’en excusais auprès de lui, parce que je gérais tout à fond, je leur expliquais plein de choses et, du coup, je ne lui laissais pas trop de place, mais j’arrivais quand même à lui en laisser un peu. Il avait un peu halluciné parce que, moi, j’avais ressorti le tableau Velléda, je leur faisais des petits schémas, aux gamins. C’était chouette et je n’aurais jamais cru revivre les émotions que j’ai vécues, sur le terrain, à travers les petits et mon fiston. Le samedi matin, quand il y avait des plateaux, j’étais presque autant excité que quand j’avais un match, tu vois. C’est vraiment de la passion et je n’aurais pas imaginé ça.
Parle-nous maintenant de l’équipe.
Ils sont très, très complémentaires. Je travaillais sur les qualités de chacun. Je savais à peu près qui mettre en défense, en attaque et dans les cages. J’ai bien aimé. En plus, ils étaient à l’écoute, attentifs. Ils sont mignons. Manon qui était un peu la « guerrière » et la fille du groupe, c’était génial. Quand l’équipe s’endormait, elle était toujours là pour les réveiller. Après, tu avais Leny qui défendait, Rabeh qui défendait aussi et qui ne lâchait rien. Je te le redis une équipe très complémentaire.
Et au niveau des résultats sur les plateaux, comment c’était ?
C’était bien. C’était équilibré. Ils m’ont fait plaisir parce qu’il y a eu un ou deux plateaux où ils n’ont pas perdu un match. Il y a même eu un plateau où ils n’avaient pas pris un but. Par contre, ce qui a été chouette, c’est une anecdote, sur un plateau, ils avaient perdu un match 5 à 1 contre les petits d’Auterive. Ils faisaient les c… et je l’ai senti d’entrée au premier match du plateau. Après, il y a eu des pleurs et, derrière, ils n’ont rien perdu et, ça, ça m’avait appris beaucoup, ce jour-là. Je leur avais dit : « Quand on ne respecte pas l’adversaire… », tu connais la suite. Mais, c’était super qu’ils vivent cette expérience.
Un point fort de cette équipe ?
Ce que je t’ai dit : la complémentarité. Chacun ses qualités, chacun ses défauts. Avec Sylvain, j’aimais bien, parce qu’on connaissait les qualités de chacun pour les mettre à leur meilleur poste et, puis, on insistait sur le fait qu’ils se félicitent et tout ça. Ils étaient à fond là-dedans. Ils étaient très bienveillants entre eux.
Un point faible de cette équipe ?
Quand tout allait bien, ça roulait. Par contre, si tu prenais un but, deux buts, voilà…
Un mot sur les parents ?
Juste, un petit souci de communication, sans grande importance, avec le papa de Rabeh qui est très gentil, mais qui avait du mal à comprendre les lieux de rendez-vous.
Dis-nous quel est ton meilleur souvenir.
C’est l’an dernier le tournoi de Balma ou de Castanet, je ne me souviens plus.
Et ton plus mauvais souvenir ?
Je vais te le jouer sentimental. C’est le dernier plateau, au stade historique Jean dardé. Ça m’avait foutu les boules. Pour moi, ce stade, c’est le stade où j’ai marqué tous les plus beaux buts de ma carrière. C’était dur de le voir disparaître. C’était un crève-cœur. Et, tu vois, l’autre jour Il y a JP Saplana qui m’a écrit ainsi qu’à Bertrand Falcou pour me dire qu’il fallait s’organiser un dernier match des anciens à Dardé et tout ça. Je lui répondu : « Mon pauvre, Dardé, il n’y est plus et il était dégouté. »
Peux-tu nous dire ce que tu comptes faire la saison prochaine ?
Pour le petit, Leny rempile pour une saison à Cugnaux et, moi, je serai, là, en essayant d’être plus présent, pour donner un coup de main aux entraînements et pour les matchs.
Un dernier mot ?
Je suis très fier que mon fils fasse du foot à Cugnaux. Ensuite, je pense t’avoir tout dit.
On te sent très attaché à certains clubs.
Oui, dans ma carrière, j’ai été sollicité par des clubs parfois éloignés qui me proposaient de l’argent. Mais ma carrière a tourné autour de 3 clubs : Frouzins, un peu Portet et Cugnaux. Cugnaux, Frouzins ce sont mes deux clubs de cœur. Frouzins parce que j’y ai commencé et que j’y ai vécu quelques petites montées et Cugnaux parce que j’ai tout fait, l’excellence, le niveau National avec les moins de 15 ans et les moins de 17 ans. Quand tu es minot, ça faisait rêver. J’ai joué contre les girondins de Bordeaux qui, cette année-là, ont remporté le titre au Parc des Princes. Avec Cugnaux, on faisait des tournois de malades. On a joué contre l’OM, Nîmes… Enfin des trucs, des souvenirs de fous, quoi ! On allait dormir au centre de Castelmaurou, on faisait des échanges avec Jean Claude Désiré du côté du bassin d’Arcachon. C’était de la folie et, tout ça, c’était grâce à Jean Claude Désiré.
Merci Grégory. Bravo pour ton beau parcours de footballeur. Bonne chance pour ton association « Toulouse Footgolf Family » et à l’année prochaine, toujours avec les « rouge et noir ».